Devenir papa ce n’est pas rien. C’est un moment unique. Pour moi ça c’était un 26 juin il y a aujourd’hui six ans. Et je m’en rappelle parfaitement. Alors je vous ai fait une petite version condensée. Pas évident car c’est un peu personnel mais j’ai gardé le plus intime pour moi 🙂 .
Je ne vous parlerai pas de la grossesse pour cette fois car je pense que j’aborderai cette phase dans un autre billet. Partons plutôt de la situation peu avant le grand jour. Le terme de la grossesse était prévu pour le 24 juin, mais rien à l’horizon et Paulette (nom de code de notre fille durant la grossesse) ne semblait pas pressée de venir. Nous avons donc eu droit à un suivi afin de nous assurer qu’elle allait bien et que le liquide amniotique était encore « potable » (il devient toxique à plus ou moins long terme quand on dépasse le délai). Il faudra renouveler le contrôle chaque jour pendant 48h et après, on avise.
Toutefois, en fin d’après-midi le 25 juin, coup de fil ! « Ca y’est faut que tu rentres ! ». Montée d’adrénaline, mon cœur s’emballe et je réponds : « T’es sûre ? ». Question plutôt bête mais nous avons déjà eu une fausse alerte la semaine précédente avec fortes contractions se rapprochant. Finalement, le temps que je rentre c’était terminé – fausse alerte. De toute façon j’avais quand même posé la même question la semaine d’avant. On est un peu comme ça les papas, on a des questions bêtes mais c’est pour palier à la montée du stress. Mais que ce soit le moment ou non, je serais revenu daredare de toute façon. Me voilà donc au taquet, pestant contre la vitesse de mon Transilien (oui j’aime râler contre le Transilien en toute circonstance).
A l’arrivée, je sprinte pour rentrer à la maison et découvre ma femme… en train de poser du carrelage ! Nous avons emménagé 3 mois auparavant et la cuisine est en chantier. Et elle a donc entamé la pose du carrelage avec des contractions car « il faut absolument qu’on termine tu comprends ». Petite envie de m’énerver car elle n’est pas prête, a de la colle à carrelage sur elle, et qu’entre le stress et la course, je pensais à tout sauf à ça en arrivant. Mais c’est pas le moment et je la convainc de passer dans la douche pour être enfin prête. Vers 19h30, les contractions étant régulières et s’accélérant, nous partons pour l’hôpital. La prise en charge est assez rapide et plutôt cordiale le personnel étant super sympa. On nous installe dans une des chambres prénatales et là démarre l’attente. Plutôt longue car depuis notre arrivée, les contractions se sont espacées. Mais c’est temporaire et ça reprendra de plus belle un peu plus tard.
Cette attente n’est pas évidente pour le futur papa. On est là pour la maman, on réconforte, on rassure, on compatit, et finalement… on énerve et on devient une cible. Je pensais que ça arriverait plus tôt mais en dépit de ses lamentations « je suis une fillette, j’ai trop mal », moi je la trouve plutôt résistante ma femme. Je trouve qu’elle encaisse plutôt bien. Bref, je laisse couler les quelques remontrances et les noms d’oiseaux qui vont avec et à sa demande, je fini par sortir quelques instants passer un coup de fil à nos parents respectifs pendant qu’elle part sous la douche mise à disposition pour « détendre » les futures parturientes.
Après mon retour, il est un peu plus de 23h et les choses s’accélèrent. Le rythme a encore augmenté et déclenche des nausées. La sage-femme vient nous voir et nous informe que l’anesthésiste est mobilisé aux urgences et ne sera peut-être pas revenu à temps pour la péridurale. Gros coup dur pour ma femme « c’est pas possible, je n’y arriverais pas sans péridurale… » mais je tente encore sans grand succès je l’avoue de la rassurer. Finalement, après une bonne demi-heure, l’anesthésiste arrive \o/ ! On passe en salle de travail et je sors le temps de la mise en place de la péridurale. Celle-ci soulage assez rapidement mais déclenche des chutes de tensions après 15/20 minutes. On diminue donc son importance. Il est 23h40, le travail de poussées commence, ma main est broyée mais j’affiche un flegme à toute épreuve. Je suis un homme, un vrai (mais ça fait mal quand même) !
Soudain l’une des infirmières me dit que l’on voit la tête et demande si je veux venir regarder. Avant l’accouchement il y a toutes ces discussions sur le sujet que l’on peut avoir entre hommes (ça doit être gore, tu dois être traumatisé, etc.) ou avec la gente féminine (je préfère qu’il ne me voit pas comme ça, je ne veux pas qu’il repense à ça ensuite, etc.). Mais je suis très loin de toutes ces considérations. C’est un moment unique, et je me décale pour apercevoir les cheveux de notre bébé ! « Tu l’a vu ? », me demande-t-elle. « Oui elle arrive ». Léger sourire et on repart.
Il est un peu plus d’une heure et je me suis décalé pour voir le maximum, tout en tendant la main. Encore un peu d’attente, puis la tête passe, les épaules et ça y est ! ELLE est là, elle pousse quelques vagissements mais se calme très vite alors qu’on la couvre et qu’on la pose sur le ventre de ma femme. Moment génial ou je peux voir la voir alors que ses premiers réflexes de succions se manifestent déjà. Je coupe le cordon et on me propose de venir pour la première toilette, la pesée et tout plein de choses. Je reviens voir ma femme un peu après alors qu’ils emportent ma fille pour les contrôle d’ordre médicaux. La délivrance est terminée et la sage-femme procède aux inspections et doit effectuer quelques points. On me demande donc de ressortir pour les derniers soins et on me propose d’emmener la valise dans la chambre et de revenir ensuite. Je les rejoindrais quelques minutes plus tard pour la première tétée. On commence à souffler, à réaliser que l’on est papa et WAOU quoi !
Les infirmières emmènent ma femme pour la préparer avant qu’elle ne rejoigne la chambre. Quand elles arrivent ensemble, j’ai enfin l’occasion de la prendre réellement dans mes bras. C’est notre premier moment. C’est magique. Elle est tellement petite et légère, semble tellement fragile. C’est la salsa des sentiments qui se bousculent : un peu d’inquiétude bien sûr (est-ce que je serai un bon père ? Est-ce qu’elle va m’aimer ?) mais c’est principalement joie, bonheur, excitation, fierté, soulagement et surtout de l’amour. Je suis papa et elle là dans mes bras. Les yeux ouverts, elle me regarde et semble même me sourire, ma fille, ma princesse.
Il y aura ensuite plein de bons moments, de premières fois, de découvertes, mais je vous en garde un petit peu pour quand je serai prêt 😉 . Aujourd’hui c’est ma fée et je suis toujours autant émerveillé quand je la regarde.